lundi 2 octobre 2017

En eau trouble


Anaïs Jeanneret
Une rencontre tout en finesse entre un très jeune homme et une quadragénaire instable qui « nage comme on livre un combat ».

Révélée comme actrice dans Péril en la demeure de Michel Deville ou dans Archipel de Pierre Granier-Deferre, Anaïs Jeanneret est ensuite devenue une romancière discrète. La revoici en librairie, plus de dix ans après la parution de son dernier livre, La Traversée du silence (Albin Michel), avec la très réussie Solitude des soirs d’été.

Le narrateur se prénomme Louis. Le Jeune homme est un prolétaire hispano-russe qui espère une autre vie que la sienne, celle-ci n’ayant jusqu’ici été « qu’une attente pleine d’ennui et de colère ». A 22 ans, Louis connaît déjà « le goût des regrets ». Il a beaucoup dormi, a failli devenir assassin, a un peu écrit. Assistant de régie et de production dans le cinéma, il a pour petite amie une brune aux yeux verts et aux courbes affolantes. Lucy, une comédienne à la notoriété naissante, qui aime séduire « tous les hommes sans exception ».

A l’avant-première d’une exposition Rothko, Louis remarque d’emblée Alda. Une femme qui a le double de son âge et n’a jamais travaillé. Mère de deux garçons, Alda est mariée à une architecte souriant et à l’aise. Chez elle, Louis décèle « le signe d’un déséquilibre, la possibilité d’un chavirement ». Avec Lucy, le héros d’Anaïs Jeanneret se voit inviter en Provence, dans la luxueuse maison avec piscine que possède Alda et son mari.

Sur place, en plus du ballet des amis qui passent, il y a Pauline. La blonde jeune fille au pair qui lit John Irving et s’occupe de David et Jean, 11 et 9 ans. Louis observe ses hôtes, leur mariage où il ne sent aucune intimité. Se contre sur une Alda qui nage « comme on livre un combat », pleure en écoutant un vieux tube de Radiohead. Une Alda qui lui soutient : « Finalement dans une vie, il n’y a que trois ou quatre rencontres marquantes. Nous ne sommes que trois ou quatre moments. Notre existence se résume à ça. Le reste part en fumée… »

Anaïs Jeanneret orchestre avec finesse le face-à-face de deux être qui partagent le goût du silence et arrivent  un moment clé de leur existence. L’auteure des Yeux cernés (Anne Carrère, 1999) joue très subtilement avec l’ombre et la lumière, les fêlures de ses personnages, leurs blessures. Celles qui font avancer et celles qui ne se referment jamais.

Alexandre Fillon


Source : LIRE, Juillet-Août 2013

Voir aussi : Photos d'Anais , Le silence , TwitterLinkedin

lundi 24 avril 2017

La bourgeoise et le jeune écorché

C’est l’histoire de deux âmes solitaires que tout oppose. Alda et Louis. Elle, une mère de famille, raffinée et cultivée, épouse d’un brillant architecte, bourgeoise gâtée par une vie sans soucis. Lui, un jeune homme, écorché et talentueux, porte sur ses épaules le fardeau d’une famille rescapée de la shoah. Deux personnages romanesques qui se rapprochent le temps d’un été, à l’ombre des platanes d’une bastide de Saint-Rémy-de-Provence. Il est fasciné par son charme irrésistible ; elle par l’innocence de sa jeunesse. Ce qui les rapproche, ce sont ces silences qui enveloppent ce même secret, celui d’une blessure enfouie depuis l’enfance et qui, au fil des pages, finit par remonter à la surface. Ils s’en libèreront. Alda, sans forcément le vouloir. Louis, en noircissant les pages d’un roman qu’il lui consacre.
Dans « La solitude des soirs d’été », son cinquième roman, c’est un univers fitzgéraldien, plein de sensualité mélancolique et de lumière provençale, que met en scène Anaïs Jeanneret, actrice et romancière, récompensée par le prix Quartier-Latin pour ses « Poupées russes ». Un autre fantôme méditerranéen hante également ces pages : Romain Gary, dont une citation figure en épigraphe : « Monsieur est un grand homme, mais les circonstances ne lui ont pas permis de le devenir. » On Pense au héros, Louis, narrateur de cette histoire d’amour impossible, remède parfait à la solitude de vos soirs d’été.

Audrey Levy

« La solitude des soirs d’été », d’Anaïs Jeanneret (Albin Michel, 231 p., 19€).


Source : Le Pointe 2131, le 18 juillet 2013

Voir aussi : roman anais jeanneretroman en eau troublelire roman anais jeanneret, roman

mercredi 1 juin 2016

Portrait d'Anais Jeanneret

Anaïs Jeanneret
The solitude of summer evenings

Jean-François Coulomb des Arts

Anaïs a compris que la première qualité d’un écrivain, c’est de se faire rare. Surtout, ne pas encombrer les tables des libraires avec une régularité de métronome. Elle revient sur le devant de la scène avec un roman élégant et poignant, « La solitude des soirs d’été ». Dix ans qu’elle n’avait rien publié, autrement dit, un siècle.

Anaïs has understood that a writer’s first quality is to keep a low profile. Above all, refrain from cluttering up the shelves of booksellers with clockwork regularity. She is back in the forefront with an elegant and deeply moving novel, “La solitude des soirs d’été” (The solitude of summer evenings). She had not published anything for ten years – we could say a century.


PORTRAIT

Anaïs est comme cela. Elle prend son temps, marche à son rythme. Elle est de ces femmes qui n’ont qu’un seigneur et maître : elles-mêmes. « L’écriture est une chose fragile, qui ne va pas toujours de soi », confesse-t-elle.
Pour un écrivain, parler de son livre n’est pas chose aisée.
Anaïs n’échappe pas à la règle. L’interview n’est pas un de ses sports préférés, mais elle s’y plis, avec pudeur et des regards de jeune femme sage. Un zeste d’inquiétude au fond des yeux.
Elle avoue « ne pas avoir grandi dans les clous », à cœur d’une famille bourgeoise. Enfant, elle aime dessiner, elle « crée des appartements dans des boîtes à chaussures », rêve de devenir architecte, de marcher sur les traces de son grand-oncle, Le Corbusier. Très jeune, elle perd son père. Sa mère travaille comme monteuse vidéo. Elle se souvient avoir été une petite fille timide, solitaire, un peu perdue au milieu d’histoires de famille compliquées. « On s’en remet, mais on n’oublie pas. Cela vous façonne », dit-elle en passant la main dans ses cheveux. Elle n’en dira pas plus.

« L’écriture m’est tombée dessus inconsciemment, je ne l’ai pas vu venir ». Elle fait ses premières armes de romancière dans les années 90, avec un joli petit livre, « Le sommeil de l’autre ». Anaïs sait qu’elle vient de trouver sa voir. Depuis, elle a découvert « une forme de volupté à manier les mots. Le plaisir de la phrase qui sonne juste. Les personnages que l’on sculpte, l’histoire que l’on construit… » L’après-midi, elle s’enferme dans son bureau et tape sur son ordinateur quatre heures d’affilée. « Quand j’écris, je me sens bien ». L’aveu est touchant. Pas de méprise, elle fuit comme la peste l’autofiction. Anaïs invente des histoires, ce qui ne l’empêche pas de mettre des bribes d’elle-même dans ses textes.

« La solitude des soirs d’été » est son cinquième livre

Il est né d’une envie, « raconter une rencontre entre deux personnages qui n’auraient jamais dû se croiser ». Alda et Louis. Il a 22 ans, se rêve écrivain en traînant une vie « pleine d’ennui et de colère ». Elle a le double de son âge et le charme mystérieux, magnétique, des gens qe la vie a comblés. Ils se rencontrent à Paris lors d’une exposition Rothko. « Cette inconnue, je l’avais rêvée si souvent, avec sa grâce et son air insaisissable, trop paisible pour ne pas cacher d’inavouables tourments ». Louis ne se trompe pas. Invité dans la magnifique bastide d’Alda à Saint-Rémy-de-Provence, il va mettre à nu la fêlure de cette épouse parfaite, de cette mère aimante, de cette femme dont « le secret reste le seul refuge ». Subtil jeu de miroir où chaque protagoniste finit par voir une petite musique fitzgéraldienne. La difficulté d’être et le temps qui passe…
« D’espoir infini en désespoir fini, il n’y a finalement presque rien… », écrit l’auteur page 202, qui signe là l’un de ses plus jolis livres. Le commentaire d’un lecteur l’a fait rougir de plaisir. Vincent, 15 ans, son fils. « Il l’a lu d’une traite. Il a été impressionné. Il m’a dit : c’est drôlement bien écrit ! » Anaïs sourit, baisse les yeux, surprise de livrer ce moment d’intimité.

W.



Source : Winner, n°8, juin-juillet 2013



Voir aussi : Photo d'Anais ; Twitter ; Roman d'Anais





jeudi 6 juin 2013

Publication de La solitude des soirs d’été, le nouveau roman d’Anaïs Jeanneret



Louis est un jeune écrivain. Lors d’un vernissage à Paris, il rencontre Alda, une femme de 20 ans son ainée. Celle-ci l’invite quelque temps plus tard à passer un séjour dans sa demeure provençale avec sa petite amie, Lucy. Femme douce et mystérieuse, secrète et silencieuse, Alda fascine Louis, qui éprouve au fil des jours le besoin de la découvrir. Deux personnages que tout oppose, qui vont finalement se découvrir plus de points communs qu’ils ne l’auraient pensé.

Au cours de ce roman, nous rencontrons des personnages tous plus attachants les uns que les autres… Une douce fiction qu’Anaïs Jeanneret nous donne envie de dévorer en une nuit grâce à une plume délicate et sans fioritures.


jeudi 11 octobre 2012

Une intervention d’Anaïs Jeanneret dans l’Express qui lui permet de nous en dire un peu plus sur sa personnalité


AnaïsJeanneret, ex-comédienne française et écrivaine de romans, nous dévoile sa personnalité dans un article paru sur le site Internet lexpress.fr.

En effet, compte tenu de sa carrière riche en expériences (de nombreux films, téléfilms et 4 romans), nous pourrions être amenés à penser qu’Anaïs Jeanneret a toujours été une femme extravertie et sûre d’elle.

Il n’en est rien ! Anaïs Jeanneret nous raconte dans cet article qu’il lui était difficile de s’exprimer en public. C’était une grande timide. Son métier d’actrice l’a aidée à remédier à cela.

Cependant, cette femme demeure tout en retenue et en délicatesse. Ce sont d’ailleurs des qualités pour elle, puisqu’elles lui confèrent une écriture délicate et fluide.

« Les choses si simples pour les autres leur demandent de réels efforts. Le démarrage est plus difficile mais, quand il se lance, le timide se surpasse. »
Source : http://www.lexpress.fr/informations/anais-jeanneret_649027.html, par Huret Marie, le 22/08/2002